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29/10/2010

Jephté, de Carissimi... un défi à relever

Depuis quelques répétitions déjà, nous avons commencé à découvrir ou à redécouvrir les petites pièces destinées au choeur dans Jephté. Certains ont peut-être eu du mal à suivre Jacques dans ses exigences, et se sont dit qu'il exagérait dans son souci du détail: tenue de la voix, couleur des voyelles, placement des lèvres et de la langue pour que les consonnes 'sonnent' (eh! oui) correctement, soutien du phrasé musical avec des accents qui ne soient pas des 'han' de bucheron... On a l'impression de faire du sur place.

Mais c'est sûrement le prix à payer si nous voulons chanter autre chose qu'une succession d'accords sur des textes à peine compréhensibles. Comme André l'a souligné, dans le commentaire qu'il a fait de ses traductions,

"Contrairement à ce que nous sommes habitués à chanter, nous n'avons plus affaire, avec Jephté, à une musique proprement « liturgique » mais à une musique « dramatique » : un oratorio...

  ...Indépendamment du style musical propre à Carissimi qu'il nous convient d'essayer de retrouver, nous devons aussi nous efforcer d'exprimer ...  le caractère éminemment dramatique de cette musique. ...

N'allez pas ... croire qu'en vous proposant, à côté d'un mot-à-mot et d'une traduction « littéraire », une traduction « libre », j'aurais moi aussi obéi à des intentions irrespectueuses ou sacrilèges. En essayant de leur restituer un aspect plus vivant, et même assez brutal, je n'ai en fait cherché qu'à mieux faire sentir le caractère intense et pathétique "...de " ces morceaux que nous apprenons à chanter."

Nous ne sommes pas simplement des choristes ou des chanteurs, mais aussi des acteurs. Et un acteur, ça travaille la diction, ça interprète un personnage ( 'personna', c'était autrefois le masque que portait un acteur pour mieux ressembler à son 'personnage') en situation. Et les situations pour le choeur, dans Jephté, ne sont pas banales:

  1. c'est le corps à corps tumultueux du combat et le choc des épées (pugnaret, pugnaret...) dans le premier choeur,
  2. les imprécations furieuses et la chasse effrénée aux ennemis qui s'enfuient, dans le 'Fugite',
  3. la ronde joyeuse et pleine de légèreté qui accueille les vaingueurs dans le 'Cantemus Domino',
  4. la chape de tristesse qui accompagne le départ de la fille de Jephté et de ses compagnes dans les montagnes ('Abiit ergo'),
  5. et ce choeur final ('Plorate') où l'écho des lamentations passe d'un pupitre à l'autre comme si chaque choriste était un pan de ces montagnes, et dont le rythme très lent ne fait qu'accentuer le caractère inexorable du drame qui se joue.

J'entends encore (oh! il faut vraiment prêter l'oreille!) une réticence: ça vaut le coup, tout ce travail pour quelques choeurs de quelques minutes et somme toute une oeuvre mineure ? Et cela ne risque-t-il pas de nous mettre en retard pour Campra ?

Je crois, au contraire, que tout le travail de fond que Jacques nous invite à faire ne peut être que profitable à l'apprentissage de Campa, à condition, bien sur, de le faire à fond... Et là, que chacun s'examine et se remette en question.

En musique comme en sport, pour progresser on a besoin de modèles. Je vous en avais proposé un dans la première note que j'avais faite sur Jephté ('Vous aimerez...'). En voici deux autres, deux interprétations absolument somptueuses du 'Plorate, filii Israel':

  1. le Monteverdi Choir, sous la direction de sir John Eliot Gardiner
  2. le Lumina Vocal Ensemble, dans la version longue du Plorate

Cliquer sur le nom des fichiers pour les écouter et/ou télécharger

 

Et pour ceux qui aimeraient découvrir l'oeuvre d'un peu plus près, voici une très belle video de YouTube: les solistes sont superbes et l'on peut suivre le déroulement du chant sur la partition.

03/09/2010

Vous aimerez...Le Requiem, de Campra

Le coeur de notre programme 2011 sera consacré au Requiem d'André Campra. Voici la présentation qu'en fait Le Choeur du Pays d'Etampes dans sa note du 18 mai 2008:

...Le lumineux Requiem d’André CAMPRA, un véritable chef-d’œuvre de la musique sacrée du baroque français.

CAMPRA est fidèle comme Jean GILLES, auteur de l’autre grand Requiem du baroque français, à l’atmosphère de religiosité de l’époque. Il délaisse le « Dies irae » (jour de colère) d’un moyen âge tourmenté, pour se laisser imprégner du seul esprit de l’antique requiem de la liturgie primitive. « Requiem aeternam dona eis » (donne leur le repos éternel) ; « Et lux perpetua luceat eis » (et faites luire pour eux la lumière sans déclin) ; ce sont les deux leitmotivs complémentaires qui, repris à l’envie par l’Introit (sur une base grégorienne), le Graduel et la communion, forment la permanente arcature de toute la construction.
La pudeur dans l’expression, l’harmonieux équilibre dans le développement. Et voilà, croyons-nous, le secret qui permet à  cette œuvre, décidément peu commune, ayant saisi l’auditeur dès les premières mesures, de le conduire sans lassitude, à ces hauts lieux de l’émotion auxquels peuvent seules atteindre les œuvres que le génie a touché.

Ecoutez le morceau suivant, dans une interprétation du MONTEVERDI CHOIR dirigé par JOHN ELIOT GARDINER, et vous comprendrez pourquoi on parle de cette musique comme un des hauts lieux de l'émotion...